Discriminations : Des réfugiés soudanais en grève de la faim à Beyrouth

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“On n’en peut plus. On vit comme des chiens ici”. Tel est le cri de désespoir lancé par Mohamed Abdel Latif, réfugié soudanais au Liban. Depuis cinq ans maintenant, il attend de s’envoler pour le Canada, les Etats-Unis ou l’Australie, en quête d’une nouvelle vie.  Depuis cinq ans maintenant, il survit au Liban, en faisant des ménages.

Beaucoup de ses compatriotes sont dans la même situation, subissant aussi le racisme ordinaire.

Pour se faire entendre et faire bouger les choses, Mohamed et ses compagnons d’infortune ont entamé une grève de la faim le 11 juin dernier. Sous un soleil de plomb, ils sont une vingtaine de réfugiés soudanais, assis sur le sol, presqu’en silence, en face du bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, à Jnah, au sud de Beyrouth. Ils attendent, et espèrent.

Dans leurs mains, des pancartes marquées de messages appelant le HCR à réagir, à les écouter. Ils sont en colère contre l’institution onusienne, qui ne parvient pas à les protéger, eux qui viennent d’un pays sujets à des crises violentes régulières. « Nous ne bougerons pas d’ici et nous continuerons notre grève de la faim tant que nos revendications ne seront pas complètement satisfaites », explique Brahim Ishaj, au Liban depuis 9 ans.

Les réfugiés demandent à être réinstallés dans un pays tiers immédiatement, ils souhaitent que les dossiers fermés soient rouverts, que ceux qui ont un certificat d’enregistrement soient reconnus comme réfugiés par le HCR. Enfin, ils demandent la libération de 16 réfugiés soudanais, emprisonnés faute de papiers légaux. Le Liban n’a, en effet, pas ratifié la Convention de 1951 relative au statut de réfugié. Au Liban, la majorité des réfugiés sont dès lors en situation illégale et risquent la prison s’ils sont arrêtés.

Au HCR, on compatit. « Nous comprenons leurs frustrations. Elles sont légitimes, explique Dana Sleiman, responsable des relations publiques au HCR. C’est très dur de vivre comme ça, dans l’incertitude, dans l’attente. Le Liban n’est pas un pays d’asile et ils ne peuvent pas retourner dans leurs pays. Nous cherchons des solutions à l’étranger ».

Le problème, ajoute-t-elle, est que l’installation dans un pays tiers ne dépend pas que du HCR. « Chaque pays a un quota et décide in fine d’accueillir ou non le réfugié dont nous lui soumettons le dossier. Nous essayons de faire pression pour qu’ils soient acceptés. Dans le monde, seul 1% des réfugiés sont réinstallés », rappelle-t-elle, assurant que le HCR se tient aux côtés des réfugiés.

Mais pour Mohamed Abdel Latif et ses compatriotes réfugiés au Liban, les mots ne suffisent plus. « Nous sommes déterminés, nous irons jusqu’au bout. C’est une démarche pacifique. J’espère que notre appel atteindra Antonio Guterres », le directeur du HCR, à Genève.

L’Orient Le Jour

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