Cette année, comme chaque année, la majorité des travailleurs libanais auront droit à un jour férié le 1er mai. Cette année, comme chaque année, la majorité des travailleurs migrants travailleront le 1er mai.
C’est pour protester contre cette inégalité de traitement, et toutes les autres, qu’une grande parade a été organisée par plusieurs ONG de la société civile libanaise (ARM/ Nasawiya, Insan, PCAAM, KAFA (enough) Violence & Exploitation), dimanche 29 avril, entre Dora et Beyrouth. Une parade à laquelle ont participé des centaines de migrants venus d’Ethiopie, de Madagascar, du RDCongo, du Népal, des Philippines, du Sri Lanka … ainsi que des activistes des droits de l’Homme et quelques simples citoyens libanais.
Au bout de deux heures de marche, la joyeuse troupe s’est retrouvée sur le parking de l’Université Saint Joseph, rue Monot, où les participants ont pu découvrir différents plats africains et asiatiques et assister à des danses traditionnelles. Sur le deuxième parking de l’université se déroulait une partie de cricket improvisée.
Entre deux déhanchés malgaches et tours de mains indiens, les organisateurs ont rappelé la longue liste des problèmes et injustices auxquels sont confrontés les travailleurs migrants au Liban.
Pas ou peu protégés par le Code du Travail libanais, ces travailleurs sont notamment soumis au système de parrainage, une procédure qui les place sous la responsabilité d’un garant libanais et donc dans une relation de travail totalement déséquilibrée et propice aux abus.
Cette parade intervenait en outre quelques semaines
après le suicide d’Alem Dechasa, une Ethiopienne venue travailler au Liban comme domestique. Une tragédie qui avait provoqué un scandale et démontré “l’absence de dispositif de protection” des travailleurs, selon les termes de Human Rights Watch. L’organisation avait rappelé, à cette occasion, qu’une travailleuse domestique étrangère décédait en moyenne chaque semaine au Liban de causes non naturelles.
Les mauvais traitements infligés par les agents recruteurs, le non-paiement du salaire, la séquestration sur le lieu de travail, le refus d’accorder un jour de congé hebdomadaire, le travail forcé et les violences verbales et physiques sont les plaintes les plus fréquentes adressées par les employées de maison étrangères à leurs ambassades.
Dimanche, sur le parking de l’USJ, des femmes et hommes népalais, congolais, sri-lankais, éthiopiens, en dansant, en chantant, en souriant, voulaient simplement rappeler au Liban que “nous ne sommes pas des esclaves, nous sommes tous des humains, c’est la pauvreté qui nous a emmenés ici”.
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