13/07/2012
En avril dernier, le ministère libanais du Tourisme a publié une circulaire interdisant, entre autres, la discrimination dans les stations balnéaires privées. AFP/Joseph Eid AFP
SOCIÉTÉ Une série de plages privées mises en cause dans des vidéos tournées par des militants antiracisme.
“Je ne tolérerai pas que le Liban soit considéré, à travers le monde, comme un pays raciste. Certains Libanais prennent ça pour une blague. Ce n’en est pas une. Je suis extrêmement sérieux”.
Le ministre libanais du Tourisme, Fadi Abboud, est énervé. La cause de son énervement? Des vidéos tournées par des militants libanais engagés dans la lutte contre le racisme montrant que dans les centres balnéaires privés libanais, la discrimination a toujours le vent en poupe.
Et ce plus de deux mois après la diffusion, par le ministère du Tourisme, d’une circulaire interdisant, entre autres, ladite discrimination.
Pour Fadi Abboud, la discrimination dans les centres balnéaires privés, “met le Liban en porte-à-faux avec le droit international et, surtout, elle est inhumaine”.
“Quiconque paie les droits d’entrée des établissements balnéaires peut s’y baigner, qu’il soit Sri-Lankais, Philippin, Ethiopien ou autre”, martèle le ministre, interrogé par Lorientlejour.com.
Payer son droit d’entrée est une option qui n’est même pas offerte, dans certains centres balnéaires, à certains étrangers, essentiellement des travailleurs migrants et employés de maison, comme en témoigne une vidéo diffusée jeudi 12 juillet par le Mouvement antiracisme.
La vidéo, hébergée sur YouTube et vue plus de 10.000 fois en 24h, contient les enregistrements téléphoniques d’appels passés par les militants antiracisme à une dizaine de plages privées du Liban. Le résultat est édifiant.
A la question : “Les travailleurs migrants sont-ils autorisés à se baigner dans votre établissement ?”, les réceptionnistes des plages répondent par la négative. Les employées de maison, étrangères, peuvent entrer, sans payer, pour accompagner les enfants des familles dont elles ont la charge, mais ne sont pas autorisées à se baigner dans les piscines du centre.
Une violation flagrante de la circulaire du ministère qui exige, entre autres, des propriétaires d’établissements balnéaires qu’ils reçoivent les clients “sans discrimination de race, de nationalité, ou de handicap”.
Il s’agit là en fait de la deuxième vidéo diffusée par le Mouvement antiracisme, qui lutte depuis trois ans contre la discrimination. Une première vidéo avait été diffusée fin juin. On y voit une jeune Ethiopienne à qui l’on refuse l’accès à la plage du Saint Georges, arguant du fait qu’elle n’est pas membre de l’établissement. Quelques secondes plus tard, un Libanais, qui précise ne pas être membre de l’établissement, est autorisé à y entrer, moyennant la somme de 40.000LL.
Suite à cette discrimination, les militants appellent la hotline (1735) de la police touristique, qui vient constater les faits.
Théoriquement, les contrevenants risquent une amende de 50.000 LL à 3 millions de livres libanaises et la fermeture pure et simple, temporaire ou définitive, de l’établissement.
Si j’apprends qu’un établissement a été condamné à une amende dérisoire, je n’hésiterai pas à faire état de ma déception devant les médias”, avertit le ministre Abboud, qui ne dispose pas encore des chiffres sur le nombre d’appels reçus par la hotline de la police touristique.
Farah Salka, coordinatrice du Mouvement antiracisme, se réjouit de la fermeté de Fadi Abboud. “Je suis très heureuse de voir la volonté du ministre du Tourisme, mais j’espère qu’il est aussi sérieux dans ses actions que dans ses mots”, explique-t-elle à Lorientlejour.com
Et avant de crier victoire, la jeune militante attend de voir un établissement pratiquant la discrimination être fermé.
Jusqu’à présent, aucune amende n’a été ordonnée par la justice. Ce que le ministre Abboud explique par la lenteur de la justice. En attendant, la hotline de la police touristique enregistre les plaintes et les membres de cette force se déplacent pour constater les infractions à la circulaire.
Ce qui, pour Farah Salka, n’est déjà pas si mal. “Lorsque la police touristique vient contrôler un établissement, ce dernier est sous pression. Et surtout, il ne veut pas être, comme le St George après la diffusion de notre vidéo, au coeur d’un scandale. D’ailleurs, le St George s’est excusé. Il y a donc des changements”.
Et pour que les changements continuent, les militants sont déterminés à poursuivre leurs visites aux établissements. Mais face au grand nombre d’établissements à tester (une cinquantaine du Nord au Sud du Liban), ils espèrent aussi que chaque citoyen participe et appelle la hotline de la police touristique lorsqu’il constate une infraction.
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